Il y a d'autres choses, que la célébrité vous oblige à apprendre ?

[Elle se redresse.] L'élégance. Porter des jolies robes, être belle. Je fais attention à ma ligne, à mon apparence. C'est terrible de surveiller tout le temps ce que je mange, parce que je suis une vraie gourmande. C'est du boulot, c'est mon boulot. Comme je participe à l'élaboration d'un rêve, je dois jouer ce rôle, même si au fond de moi je n'y trouve aucun plaisir. Hier, je suis allée à une émission de télé avec ce pantalon et ces chaussures-là. Je me suis dit : « C'est déjà difficile de trouver des phrases drôles, si en plus je dois mettre des talons ! » Il y a des moments où je décide quand même d'être douce avec moi. Peut-être parce que je suis passée du côté des grands, donc je peux me le permettre. . A 17 ans, seule à Paris, pour une petite Namuroise, ce n'était pas trop dur ? Oh si ! J'étais un bébé. Mais en même temps, j'avais un moteur dans le ventre, je voulais à tout prix faire du théâtre mon métier. Je me suis rendu compte qu'en étant jeune fille au pair je pouvais avoir de l'argent de poche qui correspondait exactement au prix du cours de théâtre... Et voilà. J'ai été deux ans jeune fille au pair. Et... c'était très dur. Je n'étais pas encore sevrée, j'avais moi-même encore énormément besoin de mes parents et je devais m'occuper des enfants des autres. J'étais malheureuse,
je compensais dans la bouffe. Je suis devenue boulimique. C'était tellement réconfortant de manger. Les placards étaient remplis de friandises pour les enfants, c'était la caverne d'Ali Baba. Je me ruais dessus ! Paris, c'était un ogre pour moi. Je lisais C'est beau une ville la nuit de Richard Bohringer et les poèmes de Jim Morrison. C'était pas très gai, mais j'étais tellement seule et triste.

Aujourd'hui, vous gagnez beaucoup d'argent. Ce n'est pas délicat d'être beaucoup plus riche que ses parents ?

Je crois qu'ils sont fiers. Ils n'ont pas les moyens, j'ai la chance de pouvoir les aider un peu, alors c'est bon de les voir contents. C'est plus compliqué avec mon grand-père, parce qu'il a toujours payé au restaurant. C'était son rôle d'inviter toute la famille. Je ne veux pas lui prendre sa place

Vous pensez que vous allez arrêter un jour ce métier ?

Oh non ! Je jouerai toujours. J'aimerais jouer jusqu'à ma mort. J'ai envie d'être une vieille comédienne qui serve de modèle à de plus jeunes. Que l'on vienne me parler, me poser des questions. Je suis impatiente d'être vieille pour transmettre. J'ai tourné avec Suzanne Flon dans Fauteuils d'orchestre, juste avant qu'elle ne meure. Elle avait une de ces patates quand elle jouait ! Elle rassemblait ses forces au moment où on disait « action », et dès qu'on disait « coupez », tout retombait. C'était magnifique. Voilà, j'aimerais être une Suzanne Flon. Vous avez déjà approché la psy ? Oui. J'ai vu un psy. Ça m'a fait du bien de prendre soin de moi. Je crois que c'est Boris Cyrulnik qui dit qu'on a tous construit une petite cabane avec ses crottes de nez. Elle donne l'impression de tenir bien, on colmate en se disant : « Ça va aller comme ça ». Mais au bout d'un moment, il faut se dire : « Allez, j'enlève toutes les petites crottes de nez et j'essaye de faire des murs solides. » Un jour, il faut vraiment construire.

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